Nous sommes passés de l’autre côté de l’île, pour nous réveiller au milieu d’un fjord, sans doute le plus bel endroit de notre traversée.
Pour ma part, c’est la ou je vis l’arctique tel que je le concevais.. et dans des conditions idéales : le temps est clair, le ciel bleu, température 8°C..des icebergs sur lesquels quelques phoques barbus (Erignathus barbatus) se prélassent, puis viennent jouer avec nous (distraction inhabituelle, si, si….), des fronts de glace qui paraissent tout petit jusqu’à ce que l’on s’en rapproche, du brash formé par les milliers de morceaux de glace provenant des glaciers…Il ne manquait plus que la banquise et un ours blanc pour compléter cette image idyllique du monde sauvage de l’arctique !
Nous sommes seuls au monde, presque gênés du dérangement.. .. Il parait que seuls 2 trappeurs ont tenté de vivre ici dans les années 30..De gros bateaux ne peuvent s’aventurer jusqu’à ce flord..mais de nombreux zodiacs pourraient y faire un tour, un jour ou l’autre… C’est ce qui pourrait arriver de pire à un tel endroit. Et l’on comprends comment un tel environnement sauvage, datant de milliers d’années, puisse être si vulnérable. C’est si facile, pour nous, de profiter de la moindre faille naturelle, en l’occurrence la fonte des glaces, pour assouvir notre désir de conquête et de découverte.. La curiosité malgré nous…au mépris de la faune et de la flore.. nous nous en apercevons toujours trop tard, du moins c’est ce que l’on dit !
Magnifique. Nous naviguons entre les icebergs, la lumière est idéale, longeons les cascades rouges de sédiments. Claude le téméraire rapportera quelques belles images de son drone, rattrapé au vol avec maestria par Damien, après une disparition de plusieurs minutes au dessus du sol glacé et enneigé. La ballade est merveilleuse, et suffit à elle seule à me remplir la tête d’images inoubliables et uniques de ce monde arctique.